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Décevoir pour mieux voir : ce que m'a appris le FCCJ

  • Photo du rédacteur: I Steen
    I Steen
  • 29 avr.
  • 2 min de lecture
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Depuis quelques années, je me rends plusieurs fois par semaine au Foreign Correspondents' Club of Japan (FCCJ), à Marunouchi, afin d’y travailler. C’est un lieu mythique, fondé en 1945. Pour y accéder, il faut soumettre ses articles au jugement d’un comité et être parrainé par deux membres seniors.

Au club, j’ai accès à des conférences avec des invités politiques et culturels prestigieux, à des échanges avec des confrères du monde entier, à une bibliothèque un peu datée, mais aux derniers numéros de Japan Times ou du Mainichi, à un espace où je me sens à la fois connectée au Japon et reliée à l’international.

La première fois que j'y suis entrée, j'avais l'impression de pénétrer dans un temple : moquette épaisse, photos historiques au mur, vieilles machines à écrire ou enregistreurs, une ambiance feutrée pleine de promesses. Un lieu "magique", pensais-je. Un sanctuaire où le journaliste/chevalier pourfendeur de mensonges et de corruptions allait m'initier aux secrets de ses meilleurs reportages de terrain.

Bien sûr, je ne me sentais pas à la hauteur…

Heureusement, la réalité, fidèle à son habitude, s'est chargée de dissiper cette illusion. Petites rivalités, discussions stériles, pléthore d’hommes âgés persuadés d’être encore et toujours au centre du monde, querelles mesquines dignes d’une cour de récréation.

Le FCCJ a rejoint une longue liste de déceptions. Mais c’est une déception salutaire. Parce qu’elle me rappelle ceci : le milieu du journalisme qui se veut contre pouvoir face aux dérives et aux élites malveillantes est peuplé d’humains. Aucun héros irréprochable n’arpente ces couloirs. Derrière les grandes histoires d’encre ou de pixel, il y a toujours des ego, des tensions, parfois même quelques fictions.

Travailler ici aujourd'hui, pour moi, c'est garder ma lucidité. C’est avancer sans idéaliser, sans me raconter d’histoires. Et faire de mon mieux pour raconter celles des autres sans perdre de vue, non pas une obligation d’objectivité, mais une conscience aiguë de ma subjectivité.

Merci au FCCJ de m’offrir ses ressources, ses rencontres, et parfois, son énergie. Mais avant tout, merci de me permettre de vivre cette déception pleinement, à travers l’expérience plutôt que comme simple théorie.



Ici, j’apprends chaque jour que le journalisme n’est pas un surplomb moral : il est humain, éminemment subjectif. Et c’est justement dans cette subjectivité, assumée, interrogée, que réside sa véritable force.


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